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Le chef américain John Axelrod, un des musiciens les plus charismatiques de notre époque, a dirigé le Concert de Gala des ‘International Classical Music Awards’ (ICMA) à Milan. Après un concert dans le cadre des MCA à Cannes et le concert des ICMA à Nantes, en 2012, John Axelrod répondit pour la troisième fois ‘présent’ pour le concert des lauréats. Voici une interview publiée par la revue luxembourgeoise Pizzicato.
Maestro Axelrod, vous êtes un fidèle des ICMA. Que signifie pour vous le travail de ce jury?
Le Jury international des ICMA est d’une grande importance pour les artistes individuels aussi bien que pour l’industrie tout court. Il mise clairement sur la qualité et fait la différence entre ce qui est bon et ce qui est excellent. Pour moi, c’est un grand honneur de partager la scène avec les solistes ayant gagné ce prix. Pour nous tous, c’est l’occasion de toucher par le biais des ICMA un public mondial. Il peut arriver qu’un disque primé aux ICMA ne soit pas bien connu du public. Une fois la distinction acquise, la publication dans les supports des membres de l’ICMA lui donne une ouverture sur le monde entier. Promouvoir la musique classique de cette façon et le faire avec le sérieux qui est propre à ce jury, c’est fantastique!
Vous êtes un chef charismatique connu pour communiquer son seulement par le biais de la musique, mais aussi par d’autres moyens. Vous aimez parler avec les gens…
Bernstein, un jour, dit à mes parents: ‘He will be a good conductor because he likes people!
…vous écrivez des articles sur le vin dans un journal musical et vous avez publié le livre ‘Wie großartige Musik entsteht … oder auch nicht: Ansichten eines Dirigenten’, un livre sur le métier de chef d’orchestre, vu de l’intérieur. Qu’est-ce qui vous a motivé à publier ce livre?
Je suis un élève de Lenny Bernstein, compositeur, chef d’orchestre, pianiste, auteur, récitant, enseignant….J’ai beaucoup appris de lui, et notamment de communiquer avec la musique et au-delà de la musique. La ligne est claire: agrandir le public en commençant par informer le public. C’est en l’informant qu’on lui donne une chance d’accéder à la musique. Mon livre est un élément de cette communication. Ecrire un livre sur la vie des orchestres était un risque. Mais ne dit-on pas en anglais: ‘no risk no gain’? Nous vivons une époque très particulière de la musique classique. La crise économique pose de grands défis. Mais la question fondamentale en est indépendante: Comment un orchestre avec un habit 19e siècle et une structure 20e siècle peut-il s’approcher avec succès du public du 21e siècle? Mon livre est une invitation à tous, musiciens, managers, imprésarios… de participer à une discussion, de partager les avis pour protéger le monde musical. Peut-on mieux intégrer le public? Voilà la question qui compte! Elle n’est pas devenue plus facile avec les réductions des budgets culturels en Europe et sérieux problèmes aux Etats Unis…
La solution, selon vous, serait la communication.
La communication fait partie d’un processus éducatif. Il faut établir une relation avec le public, intégrer le public dans la vie musicale, lui donner le sentiment qu’il est plus qu’un simple spectateur ou auditeur. Normalement, en assistant à un concert dans une grande salle de concert, le public vient à l’orchestre, mais en fait, il faudrait que l’orchestre vienne vers le public, qu’il fasse pleinement partie de la vie sociale. Une fois que le public comprend que l’orchestre et sa culture font partie du patrimoine d’une ville, d’une région ou d’un pays il est mieux accepté. Nous vivons dans un monde de communication et il faut utiliser ces moyens de communication globale pour atteindre le public. Il y a des orchestres qui l’ont compris, d’autres ne l’ont pas. Le ‘San Francisco Symphony’ crée de nouveaux liens avec ‘Keeping score’, le Philharmonique de Berlin avec sa ‘Digital Concert Hall’, le ‘Philharmonia Orchestra’ avec ses apps.
Vous venez de prendre votre poste comme chef d’orchestre principal de l’Orchestre Symphonique Giuseppe Verdi de Milan. Cet orchestre me semble assez bien implanté dans la ville, du moins dans les quartiers résidentiels où il a délibérément établi sa résidence.
Exact! ‘laVerdi’ est un orchestre qui n’est pas subventionné et qui fonctionne parce qu’il fait partie de la communauté. Le public se sent en quelque sorte responsable pour cet orchestre. Il sait que c’est ‘son’ orchestre et s’il ne le soutient pas, il va disparaître. Ce n’est pas seulement la qualité de cet orchestre qui m’impressionne, mais son attitude. Il a compis qu’il lui faut jouer un rôle dans la vie du public. Il a des programmes éducatifs, des concerts dans des hôpitaux, même dans les prisons. Il a son propre chœur, il a un orchestre amateur et tout cela montre qu’il y a dans cette organisation un enthousiasme qui porte ses fruits. ‘laVerdi’ a le plus grand nombre d’abonnés dans domaine du symphonique en Italie. C’est une belle réussite dans un pays qui fait la part belle au lyrique. Les musiciens sont extrêmement motivés. Ils savent que s’ils ne jouent pas bien et s’ils ne font pas tous les efforts possibles, cet orchestre non subventionné risque de disparaître. Ils sont dévoués à la cause. C’est aussi simple que ça: si le public a l’impression que l’orchestre est à son service, le public assiste aux concerts et revient toujours. Ce n’est pas le public qui sert l’orchestre en venant au concert, mais c’est l’orchestre qui sert le public. Il prouve ainsi qu’il donne quelque-chose au public, à la société. Cela est également important pour les orchestres subventionnés, car si cette notion de service au public se fait clairement ressentir, aucun politicien ne mettra en doute les subventions.